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FOCUS : CHARLES CARRERE ET LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE

Voici quatre oeuvres très différentes. Les deux premières illustrent la fête de Noël avec tout d’abord une vision totalement surréaliste de la messe de minuit et ensuite un vitrail exécuté en dalles de verre et représentant la nativité. La troisième oeuvre, c’est la saint Sylvestre et la quatrième est titrée « Écrevisse végétale » petit clin d’oeil aux festins de fin d’année.

La messe de minuit

C’est une messe de minuit complètement surréaliste que nous offre Charles Carrère. Il explique que c’est une messe de minuit à laquelle assiste toute l’humanité : les vivants comme les morts, les croyants comme les non-croyants. Les deux oeuvres semblent identiques et pourtant en y regardant de près on constate que ce n’est pas tout à fait le cas.

On commence par l’oeuvre de gauche réalisée à l’encre. Le personnage central c’est le prêtre. Il est de dos comme avant Vatican II qui a validé que le prêtre se retourne pour faire face à l’assemblée.

À droite en rouge, assis sur son trône c’est le roi Salomon. Juste derrière lui en bleu-vert avec sa casquette, c’est un ouvrier contemporain.

En dessous du roi Salomon, en vert avec son bâton de marche c’est Abraham et à côté de lui, un chanoine avec sa cape rouge et son chapeau noir appelé barrette.

En promenant le regard, on aperçoit un chien près du prêtre, un âne en haut à gauche et au dessus de l’âne des animaux préhistoriques des cavernes. À droite on aperçoit le boeuf caché au milieu des personnages. Au dessus du boeuf à gauche un personnage qui médite et qui ressemble à une statue zen.

Ensuite en bas à gauche on aperçoit un berger tenant dans ses bras une brebis. En marron au dessus c’est Moïse. Il y a en fait plein de personnages différents et juste en dessous de l’âne on aperçoit des soldats avec des casques à pointes, devant eux, un notable au grand chapeau qui côtoie un militaire, un parachutiste au béret rouge.

L’oeuvre de droite, l’huile sur toile, nous révèle en plus un évêque que l’on reconnaît grâce à sa mitre, un moine avec sa tonsure, sur le côté gauche en haut, une mère avec des bébés jumeaux et au dessus du clown une sorte de chanteur pop aux longs cheveux…

Et Charles Carrère termine sa description et dit tout en esquissant un sourire : après vous pouvez aussi en regardant bien reconnaître Hérode et Ezechiel. En fait il y a si l’on veut toute l’histoire de l’humanité qui se retrouve à la messe de minuit.

La Nativité


Ce vitrail en dalles de verre a été réalisé par Charles Carrère pour l’église de la Trinité à Anglet commune des Pyrénées Atlantiques dans la province basque du Labourd.

Le vitrail raconte la scène de la Nativité. La vierge Marie qui porte l’enfant Jésus et saint Joseph qui se trouve à ses côtés sont entourés par l’âne et le boeuf. Le maître verrier explique que le halo rouge qui les entoure représente la tiédeur du lieu que les animaux réchauffent.

Deux médaillons : l’un en haut avec Hérode et l’autre en bas avec le berger. Celui-ci sourit, il fait partie des « humbles » il a entendu l’appel. Hérode lui fait partie « des superbes » il est représenté en bleu comme dans l’ombre glaciale de la mort. Les humbles et les superbes sont des références issues de « Proverbes 16-19 ».

Pour l’inscription « Gloire à Dieu » Charles Carrère a choisi la pureté du blanc pour le mot Dieu afin qu’il se détache bien visuellement pour rappeler que la présence de Dieu se manifeste à l’homme par Jésus, ici, le nouveau-né.

Dans le soleil, symbole du Christ, on pourrait penser qu’il s’agit d’une fleur mais explique le maître verrier ce sont les anges vus d’en haut qui chantent le Gloria.

Et tout en haut du vitrail le maître verrier a représenté les bateaux des rois mages illustrant ainsi qu’ils éviteront de revoir Hérode en prenant la fuite dans un bateau de Tarsis comme on peut le voir sur le portail du couronnement de la Vierge de la cathédrale d’Amiens sous la deuxième statue du roi mage .

La saint Sylvestre

Voici deux versions de la saint Sylvestre. Elles se passent toutes les deux en forêt. C’est une forêt où il fait froid dit Charles Carrère, peut-être la célèbre forêt noire.

Dans l’oeuvre de gauche on y voit une sorte de kermesse avec des personnes attablées et d’autres qui dansent. Les personnages sont inspirés des fêtes breughéliennes. Le visage c’est celui de la lune qu’ils ont dessinée sur un grand papier et qu’ils ont pendu à une montgolfière.

Dans l’oeuvre de droite la scène est à peine différente mais cette fois c’est un sapin qu’ils ont accroché à la montgolfière.

Le repas du réveillon

10 ans séparent ces deux oeuvres.
Charles Carrère explique qu’il a un jour déterré un rhizome d’iris qui commençait à sortir ses feuilles vertes pour voir à quoi ressemblait ce qui se trouvait sous la terre, se demandant si c’est une merveille ou une monstruosité. Et en observant longuement ce rhizome il s’est dit qu’en lui ajoutant 2 yeux il deviendrait écrevisse.