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FOCUS : Les vitraux de Saint Léon de Marracq

L’histoire complète de cette église est expliquée dans le Guide des églises de la province de Bayonne Centre

Et en résumé, avant d’être l’église Saint Léon de Marracq, ce bâtiment était une ancienne chapelle totalement délabrée. C’était la chapelle du château surnommé « demeure de l’Empereur ». Cette chapelle devait être sauvegardée car elle avait servi à l’ordination de jeunes séminaristes durant la révolution. C’est en 1952 qu’a lieu la pose de la première pierre de la future église. La chapelle est donc agrandie en forme de croix avec une charpente qui lui offre modernité et harmonie.

Tout cela a pu être réalisé grâce à l’aide de généreux donateurs. Une dalle sur le sol de l’église en témoigne et leur rend hommage. Le texte en basque signifie : « Votre aide est la force de notre foi »

Photo sept2022 ©JanieCailliau

Charles Carrère a créé trois vitraux pour l’église Saint Léon de Marracq à Bayonne. Un vitrail au plomb situé derrière les fonts baptismaux et deux dalles de verre situées de part et d’autre de l’autel à l’intérieur du choeur.

Charles Carrère explique que pour créer ce vitrail au plomb il a utilisé des morceaux d’un autre vitrail. En quelque sorte c’est du recyclage avant la mode. D’ailleurs, sur son croquis exécuté en noir et blanc on constate qu’il a esquissé la forme du bas. Ensuite, sur la maquette couleur il a suggéré les tons qui se retrouvent dans le morceau choisi. Les « pièces rapportées ou recyclées » font le cercle qui représente la terre.

Charles Carrère inscrit dans le haut du vitrail « Veni Sancte Spiritus » ce qui se traduit par « Viens Esprit Saint ». Le Maître Verrier avec cette citation fait référence à une séquence de plain-chant de la liturgie catholique réservée à la fête de Pentecôte.

En haut il y a la colombe blanche qui incarne le Saint Esprit invoqué au dessus.

En bas c’est la terre. Elle se compose de deux lobes réunis par le feu central. Le feu c’est à la fois le magma mais aussi la lumière source vivante. Et toutes les petites pièces recyclées avec des éléments de couleurs différentes représentent le Tohu Bohu c’est-à-dire le chaos primitif ou la terre dans son état initial.

Charles Carrère a représenté au sommet de la terre un arbre qui prend racine. C’est l’arbre de l’incarnation, l’arbre de vie ou le trait d’union vertical entre le ciel et la terre. C’est aussi le symbole de l’éternité qui puise sa force au centre de la terre grâce à ses racines. Les racines ont aussi donné naissance à d’autres branches que l’on retrouve fleuries de part et d’autre du vitrail.

Le fond rouge de ce vitrail symbolise le feu de la vie. C’est la couleur du coeur et de l’amour mais aussi du sang du martyr. Ensuite il y a la présence de l’eau autour de la terre. L’eau c’est le lien entre l’humain et le divin. L’eau c’est la matrice universelle. Le premier homme naît de l’eau et de la terre fécondés par le souffle divin. Et l’eau c’est aussi la purification et la sanctification. Ce vitrail au plomb se trouve juste derrière les Fonts Baptismaux. Le choix des symboles est loin d’être le fruit du hasard.

Les deux autres vitraux sont des dalles de verre c’est-à-dire qu’il n’y a pas de plomb mais du ciment (les techniques seront expliquées dans un prochain Focus).

Le vitrail de gauche représente le pressoir mystique et celui de droite le moulin mystique. Les sujets choisis pour ces dalles de verre sont évidents puisqu’ils traitent du pain et du vin et se situent dans le choeur de chaque côté de l’autel où le prêtre bénit tour à tour le pain et le vin.

Le moulin mystique

Dans la partie supérieure de la dalle de verre Charles Carrère a installé une fenêtre. C’est la fenêtre qui laisse passer la lumière en sous-entendant la lumière divine celle qui éclaire les esprits et fait pousser les blés. Les blés sont représentés liés en botte et entourés d’un sac.

Charles Carrère a installé en vert le chrisme c’est-à-dire le nom du Christ via les deux premières lettres de son nom : le Khi et le Rho


En bleu Charles Carrère a représenté la roue en pierre du moulin. La symbolique de la roue du moulin mystique c’est le Christ qui est venu tirer substance de la Loi ancienne, la Loi de Moïse afin de renouveler le message par les évangiles. Une représentation célèbre du moulin mystique se trouve sur un pilier côté sud de la nef dans la Basilique de Vézelay. C’est un chef-d’œuvre de la sculpture romane.

Enfin dans la partie inférieure de la dalle de verre on aperçoit le panier contenant le pain symbolisant la communion.

Le pressoir mystique

Dans la partie supérieure de la dalle de verre, Charles Carrère installe des feuilles de vignes symboles de la mort et de la résurrection. En effet les feuilles vertes sont pleines de vie comme on les voit au printemps. Mais les feuilles qui deviennent brunes symbolisent la mort avant la prochaine résurrection. Le Maître Verrier utilise aussi ce symbole comme référence à l’arbre cosmique du jardin d’Eden avec l’univers infiniment grand. La feuille de vigne cache et protège la future grappe comme une mère cache dans ses entrailles l’enfant en devenir.

Au centre de la dalle de Verre, Charles Carrère place les grappes de raisin et le jus rouge qui s’en écoule. La grappe de raisin c’est la communauté des hommes parmi laquelle le Christ s’est incarné et a vécu. Le jus rouge c’est à la fois la vitalité, le sang de vie et le sang versé par le Christ.

Et dans la partie inférieure de la dalle de verre, Charles Carrère a représenté le pressoir pour extraire le jus du raisin. L’iconographie au sujet des pressoirs mystiques est apparue un peu avant le XVème siècle et a été diffusée quasi exclusivement en Europe du nord. Le pressoir mystique fait référence à Saint Grégoire qui dit « Notre Sauveur a foulé et a été foulé ». Cela signifie que le Christ a foulé et vaincu le démon de la tentation d’échapper à son sort. Mais ensuite le Christ a été foulé, son corps a été brisé dans les tourments et le sang a coulé comme le vin dans le pressoir.

En dessous du pressoir Charles Carrère a installé la coupe ou le calice en référence au vin, sang du Christ béni par le prêtre au moment de la consécration.

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